Cette histoire de Starlink et de l’Ukraine et d’une telle dépendance d’un pays, voir plus, sur la tête d’un seul homme, au delà du déraisonnable, m’a fait penser à deux choses …

La première : mais où est l’Europe ? Entre des systèmes de télécommunications universels qui seront assurément Américains et Chinois, quels sont les plans ?
Pas ceux de dans 10 ans. Non, tout de suite.

J’ai déjà raconté l’histoire, mais il faut que je le couche ici, pour la postérité. Le 12 Mai 2014, j’étais (pour des raisons professionnelles autres), à Kourou. Par le plus curieux des hasards, cela devait être le dernier lancement d’Arianne 5 … LE DERNIER … Mai 2014 !!!
Pour la petite histoire, le lancement a été reporté et … je l’ai raté. Je n’étais pas au courant qu’il se lançait dans mon dos, lorsque j’attendais un avion pour rentrer aux Etats-Unis. Dommage. Par contre, j’ai voyagé avec des gens dont je tairais le nom par charité chrétienne. Ils m’ont raconté les politiques (plus que second couteaux) raccompagnés, bien installés en Business class, entre eux, que l’on doit inviter en “tourisme” en Guyane, pour essayer de les intéresser au sujet.

A quand une enquête de l’assemblée nationale sur la perte de souveraineté de la France (et de l’Europe) sur le sujet de l’Espace ? Comme pour l’énergie, le nucléaire … Et d’ailleurs, on en est où des conséquences pour leurs fâcheux protagonistes ? Allez, je m’égare.

Bref, aujourd’hui encore, (2023), on attend Ariane 6. Premier lancement prévu: 2024, soit 10 ans “de retard”. 10 ans c’est un siècle pour d’autres industries. 10 ans, Starlink n’existait pas. (premier lancement en 2018). Hier même, Amazon faisait rire en parlant de spatial. Bonjour les visionnaires !

Ce sont les mêmes qui bloquaient les budgets pour les retransmissions Internet des lancements d’Ariane que nous avions remportés lors de ma précédente société (Oléane) ? Si nos interlocuteurs étaient convaincus de l’intérêt, ils nous expliquaient que plus haut, “on n’y croyait pas”. Qu’ils n’avaient pas pu avoir le budget pour le nombre de spectateurs attendus. A chaque retransmission, on a explosé les records. Et malgré cela, les visionnaires du haut ne voyaient pas l’intérêt du public (via Internet) pour les retransmissions en direct des lancements d’Ariane. On n’a qu’à voir ce que sait faire aujourd’hui Starlink, qui a bien compris l’intérêt et peu importe le budget nécessaire.

Alors sans paraphraser un ancien pragmatique, on me dira, l’Europe, l’Europe, l’Europe …
Mais où est elle ?
Entre les bagarres avec les Allemands qui n’ont manifestement pas envie de voir la France prendre un avantage technologique, la cécité, le manque de moyens, de vision, d’intuitions justes, d’ambition … On n’a même pas fini de déployer Galileo parait il.

On va copier (mal) dans 10 ans ce qu’ont fait les autres, il y a 10 ans ? Ca fini par fâcher ces histoires, car si ce n’était que la première : Silicon Valley à la Française, Internet, moteur de recherches, chiffrement, système autonome de conduite, intelligence artificielle … c’est où l’Europe ? Marché unique pour nos PME ? Amusant.

Et de s’étonner aujourd’hui que des malins, des courageux (oui), des déterminés ont des puissances fabuleuses entre leurs mains.
Que cette puissance puisse être manipulée par des intérêts politiques de circonstance … Etonnant non ?

Mais ma deuxième réflexion, constatant quotidiennement le “pouvoir” d’Elon est maintenant sur Tesla. De sa propre volonté, il peut paralyser des millions de véhicules. Juste appuyer sur le kill switch. De sa propre volonté, pour faire monter (ou baisser) son cours de bourse, il peut :

  • décider du jour au lendemain du prix de ses véhicules (déjà fait) et
  • du prix de leurs dépendances énergétiques. Le Kw varie en fonction des lieux et du temps de 0.23€ à plus de 0.50€. Pourquoi pas 2 ou 3€ un jour, quand tout le monde sera sous perfusion ?
  • du prix de la connexion Internet nécessaire au fonctionnement du véhicule

Pendant se temps, Total, qui est à l’énergie ce que Ariane Espace est au spatial pourrait proposer un modèle de distribution énergétique concurrent de qualité comparable … j’ai failli m’étouffer en écrivant cela. Vous avez déjà essayé ? moi oui … nervous breakdown !

Alors, le pire n’est jamais certains ? Non bien sur.

Mais à l’impossible nul n’est tenu. Dans quelles écoles (à part celle de la Vie) apprend t’on à travailler aux plans B, à la résilience, au fameux “au cas où”. Pas comme les ingénieurs de Fukushima qui pensaient qu’aucune vague n’arriverait jamais aussi haut. C’était sans compter un fortuit tremblement de terre. Les calculs et l’histoire c’est bien, mais penser qu’arriverait-il juste au cas où l’eau surpasse les protections ?

Je sais, c’est négatif et pessimiste.
Mais malheureusement, nous sommes dans un monde où l’on nous entraine dans le négatif et le pessimisme. Cela me fait penser à la blague de celui qui demande à son copain : “c’est quoi ton projet aujourd’hui” et la réponse fuse :

“… rester en vie” 😉

PS: illustration du “pire n’est jamais certains” et vive l’Amérique qui donne plus qu’un bol d’air à Ariane Espace.

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