Chacun y va de sa musique, de sa “philosophie“. La propulsion nucléaire pour les Américains. Les voiles et le vent pour les Chinois et … les rames pour l’Europe. Résumons. D’un coté la puissance brute avec le leader mondial incontesté : les Etats-Unis. De l’autre l’Europe qui cherche à exister et tente la voie de l’étique et de ce qu’elle sait faire de mieux: la réglementation en donnant des leçons au monde entier. Mais un outsider de dernière minute, peut être sous estimé, on le verra, s’invite à la table: la Chine et son brillant Deepseek qui démontrent avec brio ce que je dis depuis 30 ans: la différence par le logiciel, l’intelligence et “une autre façon de faire”.
PS: ne pensez pas que les Etats-Unis négligent cette voie, mais souvent la puissance brute pragmatique est préférée à la sophistication algorithmique longue et difficile ;-)) Elle permet aussi d’être plus dominant et d’élever les barrières à l’entrée pour d’éventuels nouveaux entrants à un niveau jusque là jamais vue dans l’industrie.
Trois vision du monde ? qui va gagner … qui va perdre ? Même si pour cette dernière question, on peut avoir une idée, vu comment les choses sont parties. 😉
Tellement amusant de voir les débats des dernières semaines. De nouveaux chantres du yakafokon que je ne connaissais pas sont apparus et remplacent les précédents. Ils s’étonnent des faiblesses de l’Europe, comme si c’était nouveau. Ils ont des “solutions” pour tout : utiliser les atouts de l’Europe et de la France en citant par exemple : l’énergie (avec le nucléaire), la construction (pour les Datacenter), l’innovation / l’industrialisation (avec le spatial (sic) et l’aéronautique (là c’est un peu plus intéressant). L’argent et toujours l’argent avec des ordres de grandeurs en centaines de milliards. Et j’en passe et des meilleures.
Je ne parle même pas de ceux dont le programme est juste de “rattraper notre retard”, avec pour seul programme de dépenser, dépenser encore plus.
Dépenser plus mais dans quoi ? bon sang mais c’est bien sur: comme les autres. Comme toujours. On copie. Et on s’étonne ensuite que l’on ne fasse pas mieux. Pas même identique. Souvent moins bien. Evidement on oublie toujours dans ces histoires que pour rattraper un TGV lancé à pleine vitesse, il y a des équations pour savoir à quelle vitesse il faut rouler, (bien plus vite que celui que l’on veut dépasser) qui déterminera le temps et la distance qu’il faut pour atteindre le rêve. Bref, souvent jamais.
Puisque l’on parle de rêve, on peut toujours imaginer que les autres s’arrêtent pour nous attendre. Un Covid numérique ? une réglementation drastique sans doute ? Et puis copier pour copier … allez budget illimité, mais a t’on vraiment les ressources en face pour dépenser ce budget ? pour faire quoi ? avec qui ? Quelles sont les intuitions justes sur lesquelles parier dans un monde où chacun (opérateurs, industriels, société de service …) voudra tirer la couverture à lui ?
Je reviendrais sur ces sujets mais pour l’heure je voudrais juste vous donner trois pistes de réflexions pour le WE:
La premiere, écoutez ce que dit Eric Schmidt, ancien CEO de Google.
Ecoutez de qui a t’il “peur” concernant l’IA … de l’Europe (rire) ? de la Chine (là il sous estime peut être quand même un peu …) ou … écoutez !
Une remarque en passant, je n’avais pas noté qu’Eric Schmidt était à la base un ingénieur, pas un “patron gestionnaire“, comme en voit beaucoup en France. Je me faisais cette réflexion aussi en écoutant Pichai Sundararajan (CEO de Google).
Quelle différence avec les Entreprises Européennes … Les patrons de ces grandes sociétés de technologies sont à la base des ingénieurs et en tous les cas des gens qui COMPRENNENT ce qu’il se passe, voir l’anticipent car ils font le futur en forgeant le présent. J’écoutais Sundar Pichai et je m’intéressais, mieux j’apprenais des choses quand il parle d’IA, de sa vision. La vision de l’Europe et des sociétés y ayant pignon sur rue ????? Je ne dis pas qu’il y a rien, j’avoue que dans le meilleur des cas, JE NE SAIS PAS et dans le pire, cela ne m’impressionne pas beaucoup. Aucun des grands patrons de nos industries ne m’a jamais captivé autant que ces gens. Mieux même et de façon sans doute un peu présomptueuses … j’avoue ne jamais avoir été bien surpris des visions industrielles de nos gestionnaires de grandes sociétés Européennes : opérateurs, SSII, industriels … rien qui me fasse rêver ou que je me dise, je ne puisse comprendre. Par contre, et ce n’est pas depuis que je suis devenue Americain ou plutôt Américain-Franco … les grands patrons Américains dans nos secteurs, pas tous, mais beaucoup : pardon, c’est un tout autre niveau ! Et franchement, être à la tête d’un Google, d’un Microsoft, d’un Facebook ou même d’un Tesla / SpaceX (et oui !) and co, ca n’est pas à la portée du premier venu. En tous les cas, pas de moi.
La deuxième … pour contre balancer un peu l’enthousiasme général …
Dans ces écoles Américaines, l’IA a déjà remplacé les professeurs
Un article un peu effrayant par son titre, mais à bien y réfléchir, avec un peu plus de nuance, si on ne sacrifie pas l’humain, oui, l’IA peut être très intéressante. Je reviendrais sur le sujet du comment et pourquoi l’IA peut faire mieux ce que l’humain ne sait ou ne peut plus faire et comment l’humain peut faire mieux que l’IA. Et pourquoi l’IA ne remplacera pas l’humain, sauf si l’humain se comporte comme une (mauvaise) IA.
L’éducation de nos enfants, les possibilités de la technologie, la place de l’humain, vaste sujet qui me passionne depuis longtemps et où j’ai un peu écrit sur ce blog. Nous y reviendrons.
La troisième et dernier point de réflexion, un autre biais (encore) négatif des IA :
Avec évidement la conclusion facile : voilà pourquoi nous devons avoir nos IA. Ces éternels conclusions, que j’appelle des Maginot (cf épisode célèbre dit de la ligne Maginot), me font penser à un débat télévisé (les infiltrés en 2010) où j’avais renvoyé Nadine dans ses 22 quand elle expliquait doctement que les parents étaient le premier rempart de sécurité pour les prédateurs numérique de leurs enfants. Je vous laisse sur ce grand (et rare) moment audiovisuel. Non les parents ne sont pas le premiers rempart de protection de nos enfants, ce sont nos enfants qui sont leurs premiers et leurs propres remparts de sécurité. Non, nous ne devons pas interdire des IA Chinoise ou Américaines sous prétexte d’une étique, d’une “morale” différente de la “notre” … nous devons juste EDUQUER nos enfants. Leur permettre d’acquérir les réflexes salvateurs : le sens de la nuance, le sens critique (dans le bon sens du terme) avec la possibilité du doute dans le respect et les clefs de compréhension pour acquérir l’autonomie nécessaire dans une vie forcément différente que celle que nous avons connue ou de celle de nos parents.
Allez, bon WE à tous.
NDLR : Fatalitas … j’espère juste que Madame Morano en apprenant les déboires que l’on connait avec un de ses enfants s’est souvenue de ce que je disais … sinon elle est partie pour 10 ans de psychanalyse 😉