A ce qu’on dit, la phrase la plus dangereuses dans “le business” est le fameux: “mais … on n’a toujours fait comme ça”. Sous entendu: “pourquoi changer ?” ou même: “pourquoi moi ?”, “Je ne faisais pas assez bien mon travail ?” ou pire “ça ne marchera jamais”.

Je crois que tous les Entrepreneurs l’ont entendu au moins une fois dans leur vie, avec son célèbre cousin; “tu n’y arriveras pas”.

Il est souvent plus facile de ne rien faire. On n’ose pas. On n’ose plus. Pourquoi et quoi changer ? Quand ? Comment vont-ils le prendre … ?
Pourtant dans d’autres secteurs, c’est une évidence. Il faut s’adapter aux conditions extérieures, sur lesquels on n’a pas forcement de prise. Dans le monde de la voile, c’est très clair: “Vent debout”, tirer des bords, lutter contre ou avec le courant, virer suffisamment tôt avant de se prendre la falaise …

Mais revenons à terre. Trop souvent : le nez dans le guidon, décider le changement est difficile. Manque de recul, de hauteur, souvent de temps. Entre tout changer et ne rien changer le sujet est, comme toujours, dans la nuance. Entre “never give up” qui est l’une de nos devises familiales et errer, changer de stratégie tous les 15 jours, il y a autant de différence qu’entre l’entêtement stupide et aveugle et l’une des devises Shadok que je préfère :

Dans le monde de l’Entreprise, on sent bien qu’on ne peut pas rester immobile. On est quotidiennement confronté à des forces contraires et en devoir d’analyse pour faire mieux. Comprenons nous, ce n’est pas le “toujours plus” dont on nous bassine à longueur de médias, de croissance infinie et de salaires dithyrambiques d’épouvantables patrons . Ce n’est pas gagner toujours plus d’argent, imposer toujours plus de pression à ses collaborateurs, ses fournisseurs ou augmenter ses tarifs de façon surprenante et incontrôlée, une fois que l’on est en position dominante. Je ne nie pas que cela existe chez les décideurs / gestionnaires en mode Excel. Mais au toujours plus, j’oppose le “faire mieux”. Faire mieux, c’est analyser ce qui s’est moins bien passé pour ne pas reproduire de possibles erreurs. C’est améliorer la “fluidité” du quotidien et donc souvent ses process. Ce n’est pas changer pour changer, pour gagner ou pour éviter de perdre. C’est plus et mieux que cela. C’est améliorer et anticiper, avec bon sens, inspiration juste.

Tout cela est bien loin des concepts “fumeux” des “consultants qui sont souvent les conseilleurs et jamais les payeurs et qui n’ont jamais créé d’Entreprise. Par exemple, les adeptes de Schumpeter et de sa destruction créatrice. Il est à noter qu’il n’a strictement rien inventé. Ces sujets, mieux travaillés, se retrouvent par exemple dans la religion Hindoue. Je n’ai jamais été fan de ces grandes théories appliquées “au business” sans nuance, ni prise en compte d’un contexte particulier. Je ne dis pas qu’il n’y a pas un sujet, mais cette simplification, conduit à exclure toute nuance de la réflexion. Le destruction créatrice, oui cela peut fonctionner, mais oui cela peut être complètement stupide aussi.

Vous allez me dire que j’exagère. Pas plus que ceux qui cherchent dans ces prêts à penser, des formules toutes faites pour se donner l’illusion de maitriser un futur incertain de d’anticiper l’inéluctable. J’ai l’impression que c’est un mal de nos sociétés occidentales. On veut des certitudes. On réfléchit de façon binaire. On a bien essayé le “en même temps”, qui est déjà un mieux mais qui n’ouvre pas sur la nuance ou sur la 3ème voie, ce que j’appelle le “what if”. J’y reviendrais dans un prochain post d’ailleurs, tellement le sujet me semble essentiel.

Pour revenir à la fameuse phrase la plus dangereuse, j’en ai justement parlé, récemment, lors d’une grande réunion chez nous (@Witbe). Rapidement, trop rapidement. Je me souviens en 2006, lorsque j’ai proposé d’ajouter une corde à notre arc : la Vidéo, en plus du monitoring de la data et de la voix. Je me souviens de l’incompréhension, voir de réticences de certains. Et pourtant, travailler le sujet, sitôt, nous a permis d’être prêts lorsque le marché est arrivé à maturité et bien loin de la concurrence maintenant. Exactement comme nous l’avions fait avec Oléane et l’Internet, 25 ans avant. Mieux encore, aujourd’hui, nous avons abandonné tout le reste pour nous consacrer au sujet du streaming, de la vidéo et du futur de la télévision. Nous considérons que pour la data et la voix, des solutions existent, même si elles ne sont pas systématiquement mises en oeuvre pour garantir la meilleure QoE possible pour les clients. Par contre, il restait et il reste beaucoup de choses à inventer pour la Vidéo. Ce monde passionnant est porteur de transformations aussi radicales que celles que nous avons connues dans nos communications quotidiennes grâce à l’Internet.

Plus près de nous, il y a 5 ans, notre Présidente a lancé un ambitieux chantier de transformation et d’industrialisation. Là aussi, certains n’ont pas compris. Mais “on travaillait pas si mal non ?”. Là n’était pas le sujet. Le point était en fait de repenser la société pour être à la hauteur des chalenges qu’allaient rencontrer nos clients. Devenir l’un des leader dans le monde, accompagner tous les grands acteurs dans leur transformation “user centric”, en étant leurs yeux, leur “ange gardien”, dans un monde incertain et de plus en plus complexe.
Il a fallu tout revoir: la technique, le matériel, le logiciel, les techniques de scripting pour modéliser la réalité, les façons de faire, le delivery pour obtenir la scalabilité que nos marchés principaux exigeaient (plusieurs centaines de systèmes opérationnels en temps réel par clients). Pendant ce travail, nous avons été frappé, comme beaucoup, de plein fouet par le Covid. Peut-être une chance en fait, au delà de grandes difficultés de plus. Le monde s’est arrêté et quelque part, nous a un peu attendu pendant notre “reconfiguration”. 😉

Nous aurions pu disparaitre, vu le contexte sanitaire et si la vision et surtout la réalisation n’avaient pas été à la hauteur. Mais aujourd’hui, c’est fait. La société en 5 ans s’est complètement transformée. Est-ce de la destruction créatrice ? quand je vois le nombre de serveurs et de matériel que nous avons remplacé, oui, il y a destruction.

La destruction :

Créatrice :

Rien de ce que nous faisons aujourd’hui et envisageons pour demain n’aurait été possible sans cette transformation. Je me garde de remercier tel service car c’est toute l’Entreprise qui a été mise à contribution et a été acteur de ce changement. Nous aurions pu conserver plusieurs centaines de nos serveurs … sauf que nous savons faire, maintenant, 8 fois plus performant en 4 fois moins de consommation électrique, dans le même espace.

Nous étions arrivés au bout d’un cycle. Initialement, nous pensions pouvoir disrupter le marché du monitoring juste par le soft, en utilisant du matériel banalisé pour ne pas avoir à concevoir, comme de nombreux concurrents, notre propre matériel. Cela a été possible dans la data et même pour la voix, qui ne manipulent pas des volumes de données si importantes. Quand il a fallu analyser de la vidéo en temps réel et gérer plusieurs milliers de devices connectés à nos Robots en même temps, cela a été une autre histoire. Ceci ajouté à la complexité de déploiement et de mise en oeuvre, il a fallu tout repenser, sauf à vouloir rester un spectateur de la transformation du monde du broadcast et de la “télévision” ou ne jouer qu’un rôle secondaire, sur le banc de touche.

Aujourd’hui, je suis heureux de cette transformation qui est exactement dans l’esprit de la philosophie de la société lorsque nous l’avons créé : être un acteur majeur de la transformation numérique de nos clients en proposant des méthodes et des technologies pour les aider à MAITRISER la qualité de leurs services et non simplement les contrôler.
Merci Schumpeter ? non … merci à l’expérience qui permet de se former des intuitions justes et à la volonté, à la qualité de nos collaborateurs répartis sur 4 continents, qui permet de les mettre en oeuvre et de transformer le rêve, l’intuition en réalité !

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