C’est fait, aujourd’hui c’est l’anniversaire de celle qui a occupé toutes mes pensées *professionnelles* et même plus depuis 23 ans. Voir même, bien sûr, un peu avant, j’ai nommé : WITBE.

Il y a 23 ans, on créait officiellement Witbe, en France : folie que cela. J’y reviendrais. Objectif, repenser complètement la supervision des services numériques délivrés en IP (pour faire simple, via Internet). L’Internet étant fondamentalement différents du monde d’avant, cela nécessitait une méthode fondamentalement différente de la supervision classique pour assurer la qualité attendue, tout en contrôlant le risque opérationnel.

En deux mots, il s’agissait de se focaliser sur le but, plus que sur le moyen. Vous allez me dire, mais n’était ce pas déjà le cas ? Et bien non. Ou du moins le but n’était pas le même. On suivait beaucoup avant (et même parfois maintenant), la santé des équipements et du réseau ou des serveurs. On extrapolait ensuite le fonctionnement correct d’une application et donc la satisfaction des usagers au travers d’indicateurs un peu “simplistes”, qui sont devenu, avec les technologies issues de l’Internet, insuffisants.

Alors cela pouvait fonctionner “avant”, en environnement homogène. Effectivement, il y avait une sorte de “corrélation” entre une panne au niveau infrastructure et une altération de la qualité perçue par l’usager.

Mais vous le savez, ceux qui me lisent, corrélation n’est pas raison. Les exemples sont nombreux de la mise en échec de la démarche. J’aime bien d’ailleurs celui là, mais vous pouvez en trouver de nombreux. Par exemple, les adeptes des mathématiques élémentaires ont découvert qu’il y avait une corrélation entre la vente de crème glacée et le nombre d’attaques de requins. La corrélation n’implique pas causalité.
Et mieux encore, au lieu de corriger le tir, l’industrie logicielle (la mienne ;-))), jamais en mal de “solutionnisme” a inventé les moteurs de corrélation. Vous pensez que je plaisante ? Mais non … Plutôt que d’avoir une véritable démarche scientifique, on a préféré “trier” le bon grand de l’ivraie et essayer de trouver des relations entre des éléments, inventer des règles d’inférence, pour éviter d’avoir des déluges d’alarmes.

Juste le problème est qu’avec les technologies issues de l’Internet, il n’y a plus forcément de corrélation directe entre les couches transport, les couches services et les usages pour faire simple. Juste le problème, c’est que la réalité ne se laisse pas dompter, apprivoiser, mettre en équation, aussi facilement. En tous les cas, plus maintenant. Il faut changer de braquet.

Et oui, un service peut fonctionner sur une infrastructure partiellement en panne. Et vice versa. Ce n’est pas parce que l’infrastructure fonctionne que le service est rendu.
Par exemple, vous avez, sans doute, déjà rencontré la célèbre erreur “404 non found” … Et bien pourtant, au niveau infrastructure, tout est correct et même mieux: le service n’a jamais aussi bien fonctionné pour ceux qui ne s’attardent qu’à la disponibilité et à la performance …

Mais le pire, c’est que cette approche empirique de corrélation semble fonctionner. Au début, noyé d’alarmes, on réduit les critères en espérant dompter la bête. Si un lien télécom est en panne, ce n’est pas la peine d’envoyer des alarmes sur tous les éléments sous sa dépendance. En fait ca n’est pas tout à fait vrai. On peut vouloir prévenir des services différents: raté. Mais peu importe. A un moment, fatigué de recevoir trop de Données (je ne dis pas volontairement Informations, on y reviendra), on ouvre le tamis, on laisse passer.

La corrélation, cela a la couleur d’une bonne idée, cela ressemble à une bonne idée mais … comme pour la publicité Canada Dry (vous vous souvenez ?), ça n’en est pas une (de bonne idée) ou plutôt cela n’en est plus une.

En un mot : Garbage IN = Garbage OUT.

Alors, ainsi naquit Witbe:

Une évidence : passer de la corrélation à la causalité.
La causalité, vous ne connaissez pas ? C’est le Mérovingien dans Matrix qui en parle le mieux 😉

Et deuxième enseignement : la puissance n’est rien sans maitrise.

Ce n’est pas moi qui l’ait inventé …

Cela parait simple, mais c’est un changement de paradigme terrible pour notre industrie. Il faut se remettre en cause. Privilégier le but au moyen, la maitrise au controle: la QoE (Qualité d’Expérience) à la QoS (Qualité de Service).

Et c’est ce que nous avons fait. C’est sur ce constat, qu’il y a plus de 23 ans, nous (avec quelques associés), avons décidé, avec nos petits bras musclés, de “disrupter” ce marché de la supervision et rêvé d’éxécuter à l’échelle mondiale, car le problème est juste … critique ET mondial. Et nous l’avons fait. Nous apportons quotidiennement à des centaines de clients, parmi les plus importants dans le monde, une méthode, une démarche, des technologies, des produits directement opérationnels aptes à faire face aux enjeux d’une informatique en pleine transformation, parce qu’adoptant des canons disruptifs issues de l’Internet.

Quelle aventure que ces 23 ans …

Nous pouvons dire que nous avons connu beaucoup de haut et de bas. Tous les 2 ou 3 ans, des crises sévères. Des avions dans des tours, des cracks, des changements de gouvernements, des financiers pour qui “ce n’est plus le moment”, des grèves, des clients rachetés, pour qui ce n’est plus le moment, des périodes de doute, des nuits blanches, des contrats reportés au dernier moment.
Mais nous avons aussi connu ce qui nous fait tenir encore debout, continuer. Des réussites, le plaisir d’être utile. Le sourire de clients, de collaborateurs. L’envie. La joie de se dire que par la force d’une idée, la volonté acharnée, on fait “vivre” plusieurs centaines de personnes, des familles entières. La joie des premiers bébés de nos collaborateurs, toujours renouvelée avec les suivants.

Entreprendre, cela ne se fait jamais seul et comme à la guerre ou en plongée, il faut pouvoir compter sur son “buddy”. Alors pour tous ceux qui pourraient penser que c’est facile. Que nous “salauds de patrons”, sommes des nantis, que tout arrive par hasard et qu’ils n’ont pas de chance, parce que pas nés du bon coté de la route, je voudrais juste dire que rien n’arrive pas hasard et que cela nécessite toujours beaucoup de travail, de passion, de talent … et souvent de sacrifices.
Que le moteur n’est ni l’envie, ni l’argent. Parfois, c’est juste parce qu’on a pas le choix. C’est comme ca. Comme si on était “programmé pour”. On ne sait rien faire d’autre. C’est une passion.

Que la fiereté que l’on a dans son “Entreprise” est presque à l’égale de celle que l’on a avec ses enfants.

Et je voudrais aussi dire que sans des fidèles, qui sont toujours là avec nous ou qui ont pris un autre chemin avec le temps, cela n’aurait pas été la même chose et que je les garde au plus profond de moi.
Je pense à Marie-Véronique, ma compagne et maintenant (depuis quelques années) Présidente et co-fondatrice, à son corps defendant (;-)) de la société. Je pense à mes enfants, que j’ai “bassiné” avec Witbe depuis si longtemps et dont certains travaillent avec nous. Je pense Paul, à Jean-Pierre. Je pense à certains, que je côtoie plus que d’autres. Je ne peux tous les nommer, mais au moins, Yoan, Yann, Gilles, Guillaume, Gauthier, Mathieu, Arnaud …
Je pense à Francois R., le plus grand regret de ma vie et que je n’ai pu gardé, pour des raisons financières. Se séparer de collaborateurs, même des mauvais, fait toujours mal. Mais quand en plus … rien, passons. Je pense à Ludovic, un de mes anges gardien, parti trop tôt comme on dit et qui veille sur moi au quotidien. Je pense à Julien P. parti trop tôt lui aussi. Je pense à plein de gens partis trop tôt en ce moment. J’y reviendrais dès demain car cela vous remet à votre place. Mais le but n’est pas de finir les larmes aux yeux mais au contraire, de célébrer ce qui est maintenant oublié du plus grand nombre … l’attachement et le respect à une personne morale :

Bon anniversaire notre Witbe …

vous ne le saviez peut être pas, mais Witbe, cela vient d’un questionnement dans nos secteurs où l’on a souvent tendance à proclamer un peu trop vite qu’on est le meilleur. Witbe, cela veut dire :

Who Is The BEst,
Where Is The BEst,
What Is The BEst,
When It’s The BEst,
Why It’s The BEst …

Who, Where, Why, When, What ? … les questions essentielles.
Parce que l’intelligence est dans la question, pas dans la réponse. 😉

Merci

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