Je découvre ce matin un article qui m’a fait bondir (L’enseignement précoce de la lecture, creuset des inégalités sociales à l’école). Et même mieux, j’ai découvert un repère de … je n’ai plus les mots. Ma colère froide et le sens des convenances m’empêchent de dire complètement ce que je pense mais franchement, je tombe des nues. J’avais un jour découvert par hasard des groupuscules nauséabonds comme ici, mais je me m’attendais pas à lire de tels avis péremptoires, sous couvert de “comité scientifique” (la blague) et de gens “bien pensants”. On dirait un comité scientifique de type LFI. 😉
La méthode est souvent utilisée d’ailleurs, en particulier par Jacques Attali qui est bien plus brillant que ces gens. Il est un formidable conteur, un historien, un poseur de faits. C’est juste ensuite lorsqu’il esquisse ses solutions où l’on se doit de conserver notre sens critique. (ie: une capacité à juger, à rester nuancé).
Commun dénominateur de tous ces gens, leur mouvance politique plus ou moins marquée. Je ne dirais pas leur origine sociale ou professionnelle, mais il est à remarquer que pour des observateurs de l’inégalité dans nos sociétés, oser parler du plus essentiel : l’école, sans avoir dans son cercle déclaré, le moindre instituteur, professeur des écoles … c’est malaisant à défaut d’être risible.
Alors pour que l’on ne se méprenne pas de mon propos, de mon impartialité “politique” et ma volonté (mise en garde contre les manipulations), j’apporte à votre jugement deux vidéos, de deux personnes très différentes. Je finirais ensuite par quelques points essentiels pour moi en guise de conclusion (je l’espère) :
Une première video, essentielle, un peu longue, de Jean-Paul Brighelli, avec qui je partage l’essentiel de ce qui est dit. Ecoutez, cela tranche avec la soupe ambiante:
Une deuxième video que j’ai déjà postée de nombreuses fois et qui est une base minimale que tous ces apprentis révolutionnaires en peau de lapin devraient connaitre. Ecoutez, cela n’a pas vieilli il me semble :
Mes conclusions maintenant, en quelques mots car je préfère vous laisser du temps pour visionner ces témoignages qui sont d’une bien meilleure portée que ce que je lis quotidiennement sur le sujet :
- oui l’éducation est pour moi l’enjeux Numero 1 de notre société et même du monde occidental. L’éducation peut enfermer et formater. Ceux qui ont juré la fin de l’occident le savent bien. C’est dans ce cas le mal. Mais comme souvent, le problème est aussi la solution. L’éducation peut être ce qui libère, ce qui émancipe, ce qui permet de grandir. Pourquoi ne pas en faire alors un modèle de société ? Pas être une sous-Corée du Sud, non mais concevoir un autre vision. Pas mieux mais différente.
- Oui quand tu n’as pas les mots, tu as du mal à avoir les idées. Je ne dis pas que tu ne peux pas avoir de pensée, mais que la pensée se nourrit de mots. Abaisser sans cesse le niveau d’éducation n’amène à rien, si ce n’est à l’abime. On a voulu toute une classe d’âge au baccalauréat, on voit le résultat. On a dénigré les métiers de “savoir faire”, on a le résultat. On a ostracisé le redoublement. On a bâti un modèle éducatif sur le principe de Peter. On a donc des gens qui très tôt n’ont ni les mots, ni les moyens de les acquérir et malheureusement l’Internet, réduit à Tiktok et autre, n’améliore rien. On ne lit plus. Notre capacité d’attention tombe à des niveaux dangereusement bas.
- Oui l’Internet est une cause mais aussi une solution. Tout y est disponible, le pire comme le meilleur. Mais c’est par l’éducation et l’école à un rôle essentiel à jouer, que l’on peut donner des socles d’envies, de curiosités, d’excellence. D’aucuns diraient qu’il s’agit d’éducation et qu’ils (ceux qui pensent leur métier en terme d’enseignement) ne sont pas là pour ça, et c’est bien une erreur. A un moment donné, il faut aussi s’attaquer aux inégalités … de parents, d’environnements … L’école doit alors, non pas donner les mêmes chances à tous, mais des possibilités différentes à chacun. Possibilités différentes, ca n’est pas en supprimant les mathématiques par des cours de stand-up, mais, comme ma Maman, institutrice (on disait comme cela à l’époque et on en était fier, sans avoir à aller chercher un titre ronflant de “professeur des écoles”) le faisait, en travaillant pour le dernier de la classe et en s’assurant qu’il possède les savoirs essentiels (lire, écrire, compter … je mets de coté le respect qui est encore un autre sujet) et en ouvrant chacun à un enseignement plaisir où l’on comprend “ce qu’on fait là”.
- Dans tous les cas, on devrait mettre en avant une excellence. Je ne vais pas parler de méritocratie, il parait que certains n’en veulent plus. Pourtant les bons points de mon époque, cela fonctionnait. Mais c’est sans doute un système trop “capitaliste”. Chacun devrait réussir dans quelque chose, plutôt que de parler de ré-orientation dans des voies de garages, pour des gens dont on ne sait pas quoi faire et dont on ne veut plus.
- Oui ces gens, ces “sachants” sont honteux dans leur proposition de médiocrité. Ils prônent tous la fin de la “méritocratie” en manipulant des concepts qui sont effectivement problématique comme “la compétition”. Mais tout a déjà été dit. Qu’est-ce qu’ils apportent, à part du bruit et de la fureur ? Ils reprennent à leur compte des idées qui tournent depuis longtemps mais ne proposent rien qui puisse véritablement améliorer la situation, bien au contraire.
“L’enseignement précoce de la lecture est creuset des inégalités sociales à l’école” -> n’apprenons plus à lire alors ! Fustigeons les parents et les enfants qui en savent un peu plus que les autres. Préférons, comme le mentionne Jean-Paul Brighelli une société où un enfant désignera un chien par “ouah-ouah” plutôt que par sa race. - La méritocratie et la réussite à l’école, au moins jusqu’au lycée n’ont déjà pas (assez) bonne presse, est-il nécessaire d’en rajouter ? Bientôt on va nous expliquer que pour éviter toute discrimination, tout harcèlement à l’école, nos enfants doivent se fondre dans une masse médiocre, ne pas tenter de relever le niveau, accompagner le mouvement général qui tend vers le bas … mais n’est ce pas déjà le cas et même parfois, n’est ce pas pour certains des conditions de survie en environnement hostile ? Est-ce normal ? Et ces imbéciles (je pèse mes mots) veulent aller encore plus loin ? Est-ce nouveau, non bien sûr. Je l’ai vécu il y a plus de 40 ans. Quelque chose a changé ? Oui, cela me semble pire maintenant.
- Et oui enfin, si vous sentez que votre enfant à une soif d’apprendre, de découvrir, alimentez le. Ne le transformez pas en singe savant, respectez son rythme, ses envies et ses possibilités. Mais d’un autre coté, “bousculez le un peu” d’une trop facile procrastination. Sollicitez le un peu. Je ne connais aucun sportif qui réussi sans se faire “un peu mal”. Le cerveau est un muscle … la mémoire s’entraine. Le calcul mental est une mécanique essentielle, comme l’apprentissage des tables de multiplications … Offrez lui autre chose que des videos un peu débiles pour l’hypnotiser et le rendre “tranquille”. Tout est possible, avec parcimonie et un minimum de jugement, de contrôle et de nuance: les jeux videos, les dessins animés, des documentaires animaliers, de nature, des livres, de la musique, du travail manuel … mieux même, lisez vous-même, apprenez, découvrez. Un enfant est une merveilleuse opportunité d’apprentissageS … et apprends beaucoup par mimétisme et par l’exemple. 😉
- On ne nait pas parent, on le devient et c’est l’une des choses les plus difficile au monde. Il parait que ce sont pas les parents qui font des enfants, mais l’inverse … sans doute.
En tout état de cause, faites en votre âme et conscience, car comme me le disait un vieux copain Italien, de toute façon, il vous sera reproché beaucoup de choses après … 😉
Chacun fait ce qu’il peut … et c’est aussi pour cela que nous avons besoin d’un système éducatif de premier plan, car on ne fera pas tout, tout seul. C’est trop difficile. C’est trop compliqué et le temps passe si vite … Evitons de rater encore des trains importants. Il y a une bataille essentielle à mener. Certainement pas en baissant les bras comme certains le proposent et en se roulant dans la médiocrité.