Ce matin, sur twitter encore, suite à l’échange Dechavanne / Taubira, la fameuse phrase fourre-tout est réapparue; “la vieillesse est un naufrage”. Et trop c’est trop. Fatigué d’une N-ième rengaine sur les “vieux“, comme je suis fatigué de ceux qui trouvent intelligent de penser que le stupide, le ridicule ne peut être fomenté que par des “Jean-Michel” ou des “Régis”. Tous ces beaux parleurs, ces pédants qui sont les premiers à s’indigner du racisme des autres, bien sur, mais ne font que le continuer. Ils perpétuent ces petits arrangements lâches avec le quotidien, ce “bon mot” censé faire rire. Faire “son malin” au détriment de l’autre, n’est-il pas pire que le racisme assumé de certains, qui nous arrache encore les oreilles (pour combien de temps ?) et peut être, lui, fermement combattu ?
Sont-ils devenus si cyniques qu’ils ne voient même plus la réalité ?
Que les “vieux” qu’ils moquent, qu’ils trouvent trop payés (à ne rien faire, bien sûr), qu’ils jugent trop riches, qu’ils chargent de tous les maux: profiteurs par leur génération, saboteurs pour la situation polluée léguée, geôliers parce qu’à cause d’eux, on a enfermé les “jeune” pendant deux ans, meurtriers même car voyez vous, beaucoup sont décédés des conséquences indirectes du Covid. Et enfin la touche finale: ces vieux sont indécents car ils vivraient mieux que leurs enfants ou leurs petits enfants … et c’est bien sûr de leur faute. Et même pire encore, quand d’un coté on trouve qu’ils ont trop duré mais de l’autre, on leur refuse le choix de leur propre fin.

Alors à tous ces gens là, j’ai envie de dire ceci

  • On est toujours le vieux de quelqu’un, comme on est souvent le con d’un autre,
  • Vous aussi avez des parents. Vous pouvez les détester. Rassurez vous, ils ne sont pas éternels et ce n’est pas une raison pour détester ceux des autres,
  • Se rebeler contre ses parents, tuer le père, c’est archi-connu et à un moment puéril. On peut aussi se construire non pas en contre réaction mais avec.
    N’attendez pas qu’ils aient disparu pour vous en rendre compte car alors les regrets seront toujours là … ce sentiment de temps gâché, de temps qui se raccourcit de plus en plus. Ce goût d’amertume de ne pas avoir fait mieux, de ne pas su être à la hauteur …
  • Ces “vieux”, exaspérants peut être, trop lents, trop tout ce que vous pensez, ont fait, sans doute, de leur mieux. Sans doute pas assez. Pouvaient-ils donner ce qu’ils n’avaient pas ou ne connaissaient pas ? Certains ont assurément le coeur et les yeux trop secs, faut-il pour autant encore et toujours généraliser ? Et nous ?
  • S’ils vous ont blessé, ne vivent ils pas eux aussi depuis longtemps avec le même genre de blessure ? Quand lâcherons-nous “l’affaire” et arrêterons-nous cette “transmission” ?
    Le pouvoir du pardon ?

Alors, merci à Jacques Brel de nous avoir légué cette merveilleuse chanson. Je crois que tout est dit. Et je le laisse conclure bien plus brillamment que moi, ne ratez pas la fin (sans jeu de mot):

bienvenu au club, bientôt … on est toujours le vieux d’un autre

Les vieux ne meurent pas
Ils s’endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent la main
Ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l’autre reste là
Le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n’importe pas
Celui des deux qui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être
Vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent
En s’excusant déjà de n’être pas plus loin
Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d’argent
Qui ronronne au salon
Qui dit oui qui dit non, qui leur dit “je t’attends”
Qui ronronne au salon
Qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend

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