Une fois de plus nous annonçons des rĂ©sultats et une fois de plus, ils en âdéçoiventâ certains, capables de jeter sans considĂ©ration le bĂ©bĂ© et lâeau du bain, pendant que dâautres de leurs confrĂšres Ă©crivent lâexact contraire.
D’habitude je ne dis rien. Ca me coĂ»te, mais je ne dis rien. 3 ans de cotation et 3 ans que je ne dis rien. Aujourd’hui c’est bon. La sociĂ©tĂ© panoptique n’aura pas raison. Oui, il parait que nous avons âratĂ©â nos objectifs et il semble que devions en ĂȘtre sanctionnĂ©. Un peu comme si vous punissiez votre enfant lorsqu’il revient Ă la maison avec un 18 de moyenne, mais que vous vous Ă©tiez entendu avec lui en dĂ©but dâannĂ©e pour un objectif de 18.5. Ou, comme Usain Bolt en 2015 qui rate son objectif et ne fait âqueâ 9s79, alors quâil avait fait mieux lâannĂ©e dâavant et quâil reste quand mĂȘme: champion du monde.
Champion du monde ?
Bien sĂ»r, nous nous Ă©tions fixĂ© un objectif de chiffre dâaffaires de 20% de croissance et nâavons rĂ©alisĂ© âqueâ 18% (Ă taux constant). Affreux !
Affreux ?
Remettons dans le contexte, ce qui semble ĂȘtre oubliĂ© par quelques-uns âŠ
1/ c’est dĂ©jĂ une performance tout Ă fait honorable.
2/ tout dâabord câest nous, qui nous Ă©tions fixĂ© cet objectif et pressĂ©s par les analystes et des conseils, nous avons acceptĂ© de le communiquer contre notre grĂ©: ERREUR !
Dont acte, puisque nous ne sommes pas capables de donner des rĂ©sultats dâactivitĂ© UN AN A LâAVANCE avec une marge dâerreur de moins de 2%, nous nous abstiendrons et garderons pour nous ce qui doit lâĂȘtre.
3/ Maintenant 2% dâerreur, câest exactement 324,000 âŹ. Câest beaucoup dâargent, sans doute. Mais câest par exemple, un projet, par la magie des rĂšgles comptables, qui ne se facture pas sur le âbonâ exercice, parfois Ă quelques semaines prĂȘts. Est-ce vraiment trĂšs grave ?
Lorsque lâon travaille (sĂ©rieusement) avec des grands comptes, il y a souvent des impondĂ©rables et nous ne sommes pas encore assez âimportantsâ pour leur dicter nos rĂšgles et les obliger Ă reculer leur fusion / acquisitions, leurs rĂšgles dâengagements de budgets, voir mĂȘme leur dicter leur rythme de dĂ©ploiement âŠ
Alors bien sĂ»r, câest dĂ©cevant, car nous le savons, nous avions les moyens de faire mieux. Mais nous sommes les premiers déçus. Il n’est peut ĂȘtre pas la peine dâen rajouter. Câest surtout dĂ©cevant pour nos Ă©quipes qui nâont pas vraiment dĂ©mĂ©ritĂ© et font du mieux possible, dans un contexte international difficile.
Mais le plus drĂŽle, si je peux dire, câest que lorsque sommes ânon dĂ©ceptifsâ, on ne nous en donne pas vraiment crĂ©dit. Lorsque nous avions annoncĂ© prĂ©cĂ©demment un niveau dâactivitĂ© record pour le S1 2018 :
- la performance nâa pas vraiment Ă©tĂ© saluĂ©e et notre cours de bourse nâen a pas vraiment bĂ©nĂ©ficiĂ©, alors que la progression Ă©tait de 77%: va comprendre Charles ⊠Peut ĂȘtre des mots mal choisis de la part de gens qui commentent ?
- mais mieux que cela: quasiment personne nâa relevĂ© que câĂ©tait la confirmation du rattrapage dâactivitĂ© que nous expliquions en 2017, suite Ă une annĂ©e Ă faible croissance. Et la preuve de lâeffet papillon de projets que nous pouvons facturer sur un exercice et pas sur un autre. Si nous avions pu facturer la moitiĂ© de ce chiffre dâaffaire en 2017, nous aurions Ă©tĂ© ⊠champion du monde. Au contraire, nous sommes, Ă lâinstar de 2000, passĂ©s comme les footballeurs de lâĂ©poque, dâadulĂ© Ă moins que rien. En 1998, nous (entrepreneurs de lâInternet), Ă©tions portĂ©s au pinacle, quelques mois aprĂšs, tout Ă©tait devenu de notre faute et Ă©tions les moins que rien dâun systĂšme dĂ©faillant par trop de financiarisation.
Alors je dois vous dire que lorsque lâon a vĂ©cu toutes ces crises, dont les sources et les maux sont exogĂšnes Ă votre activitĂ© et Ă la justesse de votre analyse, cela vous forge un coeur bien accrochĂ© et une dĂ©termination Ă toute Ă©preuve. MĂȘme de la plus grande bĂȘtise, comme certains commentaires que jâai pu lire dans des forums boursiers. MalgrĂ© cela, la foi dans lâavenir et la nature humaine reste intacte.
Alors oui
Alors oui, nous ne vendons pas de la laitue en grande surface ⊠si tant est que cela soit facile, ce que je ne dis pas. Je dis juste que le modÚle est sans aucun doute plus prédictif.
Nous intervenons partout dans le monde, avec des ressources limitĂ©es. LimitĂ©es parce quâen plus de devoir faire de la croissance, nous devons âfaireâ de la rentabilitĂ©, câest Ă dire gagner plus que ce que notre activitĂ© nous coĂ»te. Nous y reviendrons en temps et heure.
Mais pour le moment, OUI, nous avons une belle progression.
Oui, notre groupe est bien plus fort que ce quâil Ă©tait lors de notre introduction en bourse. Et pourtant, nous sommes sensĂ©s “valoir“, presque deux fois moins. Etonnant, non ? comme aurait pu le dire Monsieur CyclopĂšde.
Oui, nous avons passĂ© 3 ans Ă nous (re)configurer pour monter notre outil industriel et notre support au niveau des attentes de nos clients. Nous savions que nous Ă©tions sortis de la zone clients des âearly adapteursâ et de la âvallĂ©e de la mortâ. Nous nous sommes configurĂ©s pour aborder notre vrai marchĂ©. Et cela coĂ»te cher ⊠et croyez moi, lorsque lâon se doit de faire trĂšs attention Ă notre niveau de dĂ©pense, cela coĂ»te encore plus cher en effort humain. Et câest lĂ oĂč je ne suis pas dâaccord.
Etre massacrĂ© par un analyste, sans se rendre compte quâil crache au visage dâune centaine de famille, voir de clients et de fournisseurs qui nous font confiance … mĂȘme si nous commençons Ă en avoir lâhabitude, nous ne sommes pas dâaccord et nous le disons.
Alors sans doute, notre cours de bourse est maltraitĂ© aujourdâhui.
La sociĂ©tĂ© est moins valorisĂ©e que lors de notre introduction alors que nous avons progressĂ© sur tous les tableaux. OĂč est la logique ?
LĂ aussi nous y reviendrons.
Heureusement, dâautres analystes ont une vision radicalement diffĂ©rente.
Il nâen demeure pas moins que le jeu de lâoffre et de la demande fait que le mal est fait … mais ce jeu doit il ĂȘtre toujours si moutonnier et si peu inspirĂ© ?
 Alors ?
Sommes nous inquiet ? Non bien sûr.
Witbe est contrĂŽlĂ© par un capital patient et dĂ©jĂ en majoritĂ© par ses fondateurs et ses cadres dirigeants. Est-ce que la baisse de ânotre titreâ nous fait plaisir ? Non bien sĂ»r. Nous pensons Ă ceux qui ont investi, qui nous font confiance et qui ne sont pas vraiment rĂ©compensĂ©s pour cela. Mais je voudrais dire deux choses :
- âPatience et longueur de temps font plus que force ni que rageâ
- Fondateurs et principaux investisseurs dans Witbe, nous avons des intĂ©rĂȘts alignĂ©s avec nos investisseurs et avec nos collaborateurs. Witbe est peut-ĂȘtre lâun des bons exemples de ce que pourrait ĂȘtre un capitalisme responsable, durable et respectueux. LĂ aussi, jây reviendrais.
Mais le plus dĂ©cevant nâest il pas aussi et surtout pour tout un marchĂ© qui est en train de scier la branche sur laquelle il est assis ?
Si la bourse en France est rĂ©servĂ©e Ă des sociĂ©tĂ©s immatures, qui nâont jamais rien prouvĂ© et qui vendent du business plan qui monte jusquâau ciel dâun cĂŽtĂ© et de lâautre des structures Ă©tablies depuis si longtemps quâelles se managent plus quâelles ne se dirigent, quelles issues sont alors possibles pour des sociĂ©tĂ©s telles les nĂŽtres ?
Faut-il encore sâĂ©tonner que la cession industrielle, et en particulier Ă des Ă©trangers soit lâissue et encore trop considĂ©rĂ© par certains comme âla voie royaleâ ? Vous me direz que câest moins pire que de voir la fuite incessante de nos talents, nos enfants, dans des sociĂ©tĂ©s Ă lâĂ©tranger, plus aptes Ă leur proposer un environnement intĂ©ressant, pas simplement en termes de salaires, mais en termes de possibilitĂ©s de carriĂšre et de sujets / projets traitĂ©s. Alors, on continue ? Stop ou encore ?
Witbe, câest pour moi une alternative Ă lâinĂ©luctable et le pourquoi nous avons replongĂ© dans lâEntreprenariat avec mon associĂ© Marie-VĂ©ronique, PrĂ©sidente de Witbe, il y a 18 ans.
La possibilitĂ© dâune Ile
La possibilitĂ© dâentrainer vers un mieux ambitieux, qui passe forcement par lâinternational, car voilĂ la voie royale. Royale, car elle formidablement humaine, bien au-delĂ dâun monde devenu aussi froid que leurs tableaux Excel.
Heureusement, il reste en France, encore des gens pour relever le défi.
Et Ă ceux-ci, je dis : MERCI et leur garanti notre pleine attention et que nous faisons, non pas le mieux, mais de notre mieux !
Au hasard dâune navigation Web, je tombe sur cette devise ⊠elle rĂ©sonne effectivement fort Ă mes oreilles ce matin. Mais pas Ă nâimporte quel prix. Pas au sacrifice de la vie de nombreux collaborateurs et de la notre.
Du moins, sâil fallait parler de sacrifice, je prĂ©fĂšre alors ces devises, militaires, qui sont miennes:
Qui ose gagne !
Etre et durer !
⊠sâunir pour ne plus subir âŠ
3Ăšme RPIMA ⊠Carcassonne ⊠toujours ⊠Cathares un jour đ
Bravo Jean Michel,
tes propos reflĂštent l’exacte vĂ©ritĂ© de la vie des entreprises cotĂ©s surtout dans le cadre des PME. ces “expertises”sont faites Ă distance par des jeunes “analystes” qui n’ont jamais vu de prĂšs une entreprise, qui ne se rĂ©fĂšrent qu’aux rĂ©sultats de leur logiciel “magique” .. on comprend pourquoi tant de jeunes entrepreneurs tentent leur chance Ă l’Ă©tranger.. ou prĂ©fĂšrent ce vendre plutĂŽt que de risquer l’introduction en bourse avec aussi tous les couts exorbitants qui en dĂ©coulent….
Dans le mĂȘme ordre un fonds de dĂ©veloppement rĂ©gional (censĂ© aider les entreprises Ă dĂ©velopper leur activitĂ© donc la crĂ©ation d’emplois locaux) ne voulait investir dans notre sociĂ©tĂ© que si nous dĂ©localisions la production en Chine afin de respecter leurs critĂšres de rentabilitĂ©….
bon courage Ă toi, et long vie Ă Witbe !!
Jean Pierre Lecou