Ce doit ĂȘtre un privilĂšge de lâĂąge que dâĂȘtre de plus en plus confrontĂ© Ă la mort. Ca commence gĂ©nĂ©ralement tout Ă fait ânormalementâ, le bout du chemin, comme ils disent. LâĂąge en un mot. Puis dâautres ânormalitĂ©s” viennent Ă rappeler que la mort fait partie de la Vie, mais nâen reste nĂ©anmoins bien difficile Ă accepter. Ce sont les accidents (Ludo), le refus de vie (RenĂ©), puis les maladies.
Jamais on ne sây habitue. Toujours ce goĂ»t du regret. Cette impression dâavoir ratĂ© quelque chose, quelquâun, un possible, dâĂȘtre passĂ© Ă cĂŽtĂ©.
Trop vite. Trop loin. Trop occupĂ© …
Ce sont des proches, mais aussi des moins proches.
Je me souviendrais toujours du choc que mâont causĂ© les disparitions de Coluche, de Daniel Balavoine, de Serge Gainsbourg, de Jacques Higelin mĂȘme derniĂšrement. Des pages dâhistoire, de mon histoire qui se tournent ? Ces disparitions qui nous renvoient Ă la rĂ©alitĂ© et la fragilitĂ© de la Vie.
Plus jeune, on nây pense pas. On ne connait pas encore le regret. Tout est immortel. Le temps ne compte pas. Demain, sera toujours lĂ .
Oh je ne rentrerais pas dans le couplet souvent Ă©crit de profiter de ses proches le plus possible et de leur montrer notre attachement, notre affection, notre amour. Câest exact.
Mais ici, câest surtout un merci que je voulais te dire GĂ©rard. Je nâai jamais osĂ© tâappeler pour te le dire. Peur de dĂ©ranger, encore et toujours. Je pense que tu le savais. Merci en mon nom et, je pense, au nom d’autres. Il a Ă©tĂ© important. Il mâa Ă©tĂ© important. Tu mâes important.
Jusquâau bout tu auras Ă©tĂ© un exemple. Nous aurions pu te croire immortel, inaccessible Ă ce qui nous touche, fait dâun autre bois que nous. Tu nous a rappelĂ© sa condition humaine, comme dâautres en leur temps. Fallait-il que cela finisse comme cela ? Si durement ?
Le message est fort.
Et puis il y a ce moment dĂ©licat, tout Ă l’heure oĂč lâon sent une paix, mais aussi un immense chagrin. OĂč le vent froid en rafale se calme et oĂč une brise douce m’envahit. OĂč j’aimerais trouver les mots, le mot pour panser la plaie de ses proches. Je pense Ă eux, sa famille.
Merci GĂ©rard, pour ce que tu Ă©tais. Merci pour ce que tu mâas montrĂ©, fait dĂ©couvrir ⊠et dĂ©jĂ le premier enseignement que tu ne mâas pas dit, mais que jâai clairement perçu : “mais ferme ta gâŠâ. Quand les mots sont de trop. Quand ils sont un refuge pour ne pas se dĂ©voiler. Quand ils sont lâexpression dâun extĂ©rieur qui ne correspond pas Ă lâintĂ©rieur.
Je me souviendrais longtemps de toi. Je ne te lâavais pas dit, mais Ă chaque fois, que tu nous faisais un coup de Trafalgar, je pensais âoh lâenfoirĂ©â. Coluche aussi le disait. CâĂ©tait plus qu’amical. Ton dernier âcoupâ Ă©tait trĂšs fort. Tel un rituel indien de passage. Pour âgrandirâ, disais-tu. Je me souviens de tout, de toi dans le noir derriĂšre, au fond, Ă droite, que lâon finissait par oublier, seuls avec nous-mĂȘmes, ouvert aux autres. Puis de cette bĂ©quille qui fini par tomber quelques jours aprĂšs, quand on comprend mieux.
Avais-tu terminé ce que tu devais Entreprendre ?
Nous avons Ă©tĂ© chanceux de te croiser. Avons-nous atteint lâautre rive ? Parfois jâen doute, mais tu nous donnes le courage de ramer plus fort alors et dans le bon sens cette fois.
RIP, comme ils disentâ! Quelle ridicule expression. GĂ©rard, tu nâas pas fini de âreposer en paixâ. Je crois que nous avons encore besoin de coups de pouce dans nos petits moments de dĂ©couragements. Mais je crois aussi que tu es libre et que nous ne devons pas te âretenirâ …
GrĂące Ă ce que tu Ă©tais, nous ne sommes pas orphelins ce soir. Nous avons la force de continuer, encore plus de force, mais est-ce vraiment de force dont il sâagit ? La force de nous mettre dans le bon sens assurĂ©ment. Les clefs pour comprendre, assurĂ©ment. Il suffit de pratiquer et ⊠de ne pas trop foirer de TP đ
Merci.
<3
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