Le General Charles de Gaulle lance l’appel aux Francais a la radio BBC a Londres le 18 juin 1940 — speech of General Gaulle on the radio in London june 18, 1940 to call french people to resistance

Contexte : “Appel que j’ai prononcé, dans le cadre de la présentation des articles préparatoire à la LOPPSI, dans le Comité Consultatif des Réseaux et Services de Télécommunication dont je suis intuitu-personae membre.
PS: désolé pour la photo d’illustration … je ne me prends absolument pas pour le Général de Gaule, même si j’aurais pu penser que mon “discours” soit suivi d’un peu plus d’effet.

Je tiens tout dʼabord à remercier le Ministère de lʼIntérieur, de lʼoutre-mer et des collectivités territoriales de consulter notre commission sur un sujet aussi important et sensible que celui de la régulation des réseaux de télécommunications et dʼInternet en particulier, car cʼest bien de cela dont il sʼagit.Si je pense me faire lʼécho du plus grand nombre en disant que nous sommes tous dʼaccord pour déclarer la lutte contre la pornographie enfantine comme une priorité, je crains que la forme ne nous divise.
En effet, sommes nous bien conscients de lʼefficacité fatalement limitée de la solution proposée ?
Il sʼagit dʼune mesure «spectaculaire», faussement sécuritaire car dʼune part nos enfants ne seront pas plus protégés et dʼautre part, elle ne fait que sʼattaquer à une conséquence, sans remonter aux causes et pire, en rendant ce travail, peut être, plus difficile.
Les délinquants «professionnels» ne seront pas contraints le moins du monde tant lʼarsenal informatique existe et leur permet tranquillement de continuer leurs délits. Pire même, en sʼattaquant de cette façon au problème, nous ne traitons pas le sujet : la cause, les délinquants et laissons faussement croire que la situation est sous contrôle, alors que nous devrions travailler à :

  • Les repérer mieux et plus vite et les empêcher de nuire,
  • Protéger nos enfants qui, plus par manque dʼéducation que de contrôle, sont encore trop accessibles à ces pervers,
  • Donner une législation adaptée et plus de moyens à des équipes qui en manquent cruellement.
  • Et surtout, au sujet des conséquences : je suis surpris de constater, une fois de plus, que les dommages collatéraux et la nature de lʼessence même du sujet – Internet et des réseaux de nouvelle génération – ne sont pas suffisamment pris en compte.

Je mʼen étais déjà ouvert lors de la seule réunion où jʻétais convié, le 18 Septembre 2008, au Centre Technique de la Gendarmerie Nationale à Rosny sous Bois. Nous étions déjà un certain nombre à soulever les résultats potentiellement dérisoires de telles mesures eu égard aux conséquences probablement bien plus graves.
Si le texte de loi a le bon goût de ne pas imposer une méthode de filtrage des infrastructures Internet, le fait de lʼorienter uniquement vers les fournisseurs dʼaccès et non, aussi vers lʼécosystème du numérique à la maison, impose la logique dans laquelle on veut mener les choses !
Donc, on ne parlera que des trois toujours mêmes pistes de filtrage possibles. Je ne mʼy attarde pas plus, dʼautres le feront pour moi. Par contre je crains que le filtrage «sémantique» (NDLR : lire DPI, maintenant le mot est connu du plus grand nombre) ne prenne le pas sur un filtrage plus technique (par adresse IP ou par nom de domaine). Ils sont tout aussi inefficaces les uns que les autres mais avec ce dernier, nous ouvrirons la porte à tous les abus possibles (filtrages par mots clés, contexte …) et surtout à la modification de lʼarchitecture de nos réseaux et la nature de nos échanges électroniques.
Le fait de mʼobjecter que l’objet unique de cette loi est la lutte contre la pédophilie ne me rassure pas car les 7 lignes que vous souhaitez introduire le seront dans un article de portée bien plus large et perdront toute référence au contexte initial. Et surtout : le mal sera fait. Le ver sera dans le fruit, on aura placé une technique dʼécoute systématique et de reroutage, à lʼinsu de notre plein gré, contrôlable par un tiers extérieur au coeur de tous nos échanges numériques !

Aucune de ces méthodes ne prenne en compte la nature du problème

Le problème est un problème USER CENTRIC et non NETWORK CENTRIC. La solution doit être recherchée plus dans lʼapplicatif et les équipements du côté de lʼusager que dans le contrôle du réseau.
Ces solutions doivent être distribuées et non centraliséeset demeurer sous le contrôle et la responsabilité du citoyen !
En attendant, on aura monté une usine à gaz, au niveau de lʼinfrastructure des opérateurs, qui, on lʼa vu, ne résoudra rien mais qui surtout :

  • Créera un précédent car on centralisera une fonction essentielle et critique : la capacité de décider qui à accès à quoi.
  • En créant ces points névralgiques, nous allons fragiliser lʼinfrastructure des opérateurs et causer des risques opérationnels énormes, à cause de lʼimmaturité des solutions qui seront mises en place et de leurs effets de bords très difficilement prévisibles avant un passage à lʼéchelle. Mais surtout, si lʼInternet pouvait résister à tout et même à une destruction quasi-totale, il ne pourra plus résister à une attaque chirurgicale de cyber-terroristes décidés à prendre le contrôle de ces points névralgiques.
  • Par ailleurs, en imposant une étape de plus dans lʼéchange entre un émetteur et un destinataire, nous allons fabriquer un goulot artificiel au détriment de tous les usages et de tous les usagers.

Et si nous nous trompions ?

Et si vouloir à tout prix sécuriser tous nos échanges, en centralisant la capacité de décision et dʼaction était une erreur ?
Je ne revendique absolument pas le laisser faire mais je dis que filtrer au niveau de ressources essentielles dʼInternet est une erreur et ne va pas dans le sens de lʼhistoire.
Comprenons nous bien … je suis dʼaccord avec la volonté ayant présidée à cet article 6. Je vais même plus loin. Certains contenus dits «légaux», comme la pornographie, me gênent parce que lʼon peut tomber trop facilement sur eux.
Mais je ne vais pas pour autant en faire une doctrine et imposer ma morale à tous en expliquant quʼInternet est un outils extrêmement dangereux. En tant que père de famille, je veux pouvoir avoir les moyens de contrôler mon accès Internet :

  • non pas seulement au niveau global, lʼHadopi nous a démontré les limites de cet exercice !
  • non pas au niveau dʼun ordinateur disposant ou non dʼun logiciel adapté … et quid de tous les objets qui ne disposent de rien, un iphone, ʻune PlayStation, un téléviseur ou un lapin connecté ?

Mais je veux pouvoir protéger les utilisateurs qui me sont chers et maîtriser leur immersion dans un monde numérique aux repères différents du monde réel. Et ça, je ne souhaite laisser à personne cette responsabilité et ce devoir : ni à un opérateur, ni à Google, ni même à un gouvernement quel quʼil soit.

On le voit, …

… le filtrage au niveau général, des infrastructures nʼapporte aucune réponse.
… la méthode proposée n’apporte pas la solution escomptée.

Pourquoi alors ne pas profiter de ce sujet pour discuter sérieusement de solutions possibles, avec tous les acteurs concernés ?
Ces solutions ne peuvent voir le jour, massivement et rapidement, sans lʼappui des opérateurs et du gouvernement. Elles ne peuvent être utiles et acceptées sans lʼaide des utilisateurs eux-mêmes.
Ne courons pas le risque que les propos de M Delpuech dans son courrier du 30 Janvier soient mal interprétés. Lʼobjectif nʼest absolument pas, pour moi, « dʼimposer aux fournisseurs dʼaccès à Internet lʼobligation dʼempêcher sans délai lʼaccès aux contenus illicites dont les adresses électroniques sont désignées par arrêté du ministère de lʼintérieur. » (sic)
Lʼobjectif est de protéger nos enfants, nos concitoyens et de mettre hors dʼétat de nuire ces délinquants notoires tout en ne diabolisant pas inutilement lʼInternet, en ratant une fois de plus une formidable opportunité.
Pour se faire, il faut donner plus de moyens et de ressources aux équipes du Ministère de lʼIntérieur et aider tous ceux qui luttent contre les pédophiles. Mais il faut surtout travailler ENSEMBLE :
gouvernement, opérateurs, écosystème du numérique,utilisateurs, entrepreneurs, associations
… en déclarant cette cause, comme une cause nationale et en lui apportant UNE RELLE attention.
Ne faisons pas dʼInternet un coupable trop facilement désignable car partiellement responsable.

En conclusion

Vous lʼavez compris, à titre personnel et jʼespère que la commission ainsi que lʼARCEP suivront mon avis, jʼémets un avis défavorable sur la proposition du Ministère,

  • tant on se trompe de combat à cause dʼune réflexion et dʼune concertation insuffisante !
  • mais surtout, eu égard au peu de résultat probable, on court le risque dʼun précédent fâcheux qui marquera lʼan 1 du changement de nature dʼInternet.

Nous nʼavons pas modifié la structure des routes parce que des pédophiles y circulaient. Les forces de lʼordre savent faire leur travail, sans avoir à forcer tout le monde à passer en un lieu unique, source de leur contrôle. Cette centralisation irait à lʼencontre de nos libertés individuelles. Cette centralisation va à lʼencontre de ce que nous enseigne le dernier siècle de progrès technique :
Le développement économique et la création de valeur sont liés à la capacité de rencontre et dʼéchange des hommes. Les infrastructures de télécommunications nʼéchappent pas à cette règle et lʼInternet nous lʼa rappelé aussi sûrement que Graham Bell sʼétait trompé dʼusage lorsquʼil a inventé le téléphone. Le formidable essor des télécommunications est né du besoin des hommes de communiquer et dʼéchanger, pas de celui de diffuser sous le contrôle de quelques uns. Ne pas comprendre ces évidences, cʼest courir le risque de revenir en arrière et cʼest assurément diminuer la capacité dʼéchange de notre pays et donc sa capacité à créer de la valeur et de rayonnement au niveau international.
Nous touchons ici à la compétitivité et à lʼattractivité de notre pays, qui sans infrastructures adaptées nous laissera au bord du développement économique, numérique ou non, aussi assurément que ce qui sʼest passé pour les villes qui ont refusé le chemin de fer en leur temps.
Merci. “
Nota : remise à jour de 2011 … depuis ce 27 avril 2009 … personne ne m’a plus jamais reparlé de ce sujet. Personne, sauf UNE … La HADOPI, mais nous y reviendrons !

2 thoughts on “Loppsi : l’appel du 27 Avril 2009

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *