Vous n’avez pas l’impression que, jour après jour, les informations que l’on reçoit sont de pires en pires ? On me dira que la violence a toujours existé, de tout temps. Sauf que là, les chiffres le prouvent, les modes opératoires (enlèvements avec mutilation …) l’attestent.
On peut apprécier ou non Alain Bauer et ce qu’il dit chez Calvi / RTL mais je ne pense pas qu’il fasse dans la sur-enchère. Mais ce qui est le pire pour moi c’est cette impression qui est laissée qu’une histoire horrible chasse l’autre et que l’on n’apprend jamais rien de ces expériences. Par lâcheté, par habitude ou parce que l’on n’a plus le goût du (bon) sens, du temps long et la volonté d’avoir une prise sur le futur, on passe à autre chose. On ne va pas plus loin et … les mêmes causes reproduisent les mêmes effets.
Ici, deux sujets ont plus particulièrement retenus mon attention, avec la même interrogation: sérieusement, on fait quoi ?
Et curieusement les faits se répondent.
Le premier est la vague d’enlèvement dans le “secteur de la crypto” et le pire, la peur quotidienne, dans laquelle doit vivre leurs familles, leurs amis … et les principaux intéressés pour leurs proches. Aussi, le légitime cri, d’Eric Larchevêque, qui en vient à demander l’autorisation de port d’Arme de catégorie B semble évident. Et bien plus évident, cela sera la suite … no way, pour de très nombreuses raisons qui ne datent pas d’hier. Peur de nos gouvernements de ne plus “avoir la main” et d’ouvrir la boite de pandore.
Mais sur ce point, la boite n’est elle pas déjà ouverte ? Les armes (non légales) ne circulent-elles pas déjà chez ceux qui se moquent de respecter la loi ? Très curieusement aussi, on s’aperçoit que des pays dont la possession d’armes est était très sévèrement encadrée comme Israel et l’Ukraine, lorsqu’il arrive un “coup dur” (pour ne pas dire autre chose) là, ils n’ont d’autres solutions, poussé par la population, que d’inverser totalement les choses. Et cela devient “open bar”. N’aurait-il pas mieux fallu (re)penser le problème en amont, avec le toujours même sujet : RESPONSABILISATION, EDUCATION, FORMATION, … ?
Nos voisins Suisse me semblent sur ce point (et bien d’autres) un exemple à regarder de près.
Loin de moi l’idée de critiquer entièrement la réglementation Française. La détention d’armes de catégorie B n’est pas si mal faite en France. Et cela tient aussi et surtout à la place de la FORMATION, au travers du rôle essentiel des clubs de tirs, qui ont une véritable responsabilité dans le dispositif. Il y a beaucoup à dire, surtout quand on vit des deux cotés de l’atlantique et que l’on peut comparer les différences d’approches entre la France et les Etats-Unis.
Si le port d’armes de catégorie B me semble illusoire, sauf à entrer dans des certifications professionnelles complexes (mais possibles), il y aurait déjà une chose qu’il me semble nécessaire d’améliorer, c’est déjà le port d’armes de catégorie D, mode gazeuse, JPX …
Cela serait d’ailleurs juste une régularisation car je pense que ceux qui se sentent en danger, préfèrent sans doute avoir à s’expliquer avec les “forces de l’ordre” que d’être totalement démunis en moyen de défense contre la racaille. Même si on touche, une fois de plus, à un problème de FORMATION.
Et j’en viens à mon deuxième sujet. La passagère décédée en 2022 suite à un refus d’obtempérer du conducteur et le non-lieu pour le policier qui vient d’être prononcé. C’est un sujet rendu complexe par son traitement émotionnel / médiatique. Pour moi, le sujet est bien plus large que : le non lieu est-il juste ou non. Fallait-il condamner plus sévèrement et à quoi ?
Moi même, en pareille circonstance, je ne suis pas convaincu que j’aurais fait mieux … quoi que. Je ne trouve pas normal qu’il soit fait feux cinq fois, trois fois et une fois avec le résultat que l’on connait. Ca sent la panique et le “réflexe” et peut être … le défaut de maitrise. Peut être pas un hasard que ce tir trop à gauche. Problème assez connu. Faute au(x) policiers … non. Faute à un système qui ne laisse pas la place à la FORMATION NECESSAIRE POUR UN MINIMUM DE MAITRISE DE SON ARME. Je ne parle pas de la formation théorique (et juridique qui aboutit à des gens tétanisés à sortir leur arme) mais de formation PRATIQUE.
Vous voulez rire ? Les textes en vigueur indique qu’un policier doit tirer un minimum de 30 cartouches par séance et 3 à 4 séances par an. Soit, 90 / 120 cartouches minimum par an. Vous voulez rire encore plus … je doute que la plupart le fasse, compte tenu de leurs horaires de travail, de la disponibilité des formateurs / stands de tir, du budget nécessaire. J’avais fait un rapide calcul un jour, c’est en centaine de million d’€ de munition qu’il faudrait si on voulait aller vers un vrai entrainement de l’ensemble de nos forces de l’ordre porteurs d’une arme de catégorie B. Et je ne parle pas du temps. Aux Etats-Unis, les entrainements USPSA ou en France le TSV nécessitent de s’entrainer régulièrement et ce sont des milliers de cartouches PAR MOIS qui sont nécessaires. Vous me direz qu’il n’y a rien à voir … ah bon ?
Aussi ne pensez pas que j’encense les Etats-Unis forcement. Les policiers Américains font-ils mieux ? non ! Et peut être pire pour certains, comme on l’a vu dans de nombreuses affaires.
Mais comme en France, ceux qui veulent vraiment se former se forment et deviennent très bons, peut être plus facilement qu’en France.
Est-ce qu’UNE PERSONNE a parlé de ce sujet suite au non lieu des policiers ? Est-ce que l’on va autoriser la détention en dehors de son domicile et le port d’armes de catégorie D ?
Quand allons nous vraiment sortir la tête du sable et prendre le taureau par les cornes sans se réfugier derrière de fausses raisons en mode “on ne veut pas fabriquer des justiciers”. Enfin une chose est sûre. Ce sont encore une fois les clubs de tirs qui vont devoir être encore plus vigilants pour ne pas accepter tout et n’importe quoi. C’est d’ailleurs la principale différence entre la France et les Etats-Unis. En France, si tu vas voir un club de tir pour expliquer que tu veux te défendre, normalement tu es éconduit “durement” … ce n’est pas du tout le sujet.
Aux Etats-Unis, un jour, je discutais du sujet avec un professionnel et j’expliquais comment le sujet était abordé en France (tir sportif, formation avant tout et surtout avant la possession d’une arme) et mon interlocuteur de me répondre … “quoi ? tu ne veux pas pouvoir défendre ta famille ?”. Il serait trop simple de caricaturer et cette approche se comprend parfaitement dans un pays violent, avec l’histoire et l’étendue qu’il connait. Mais si ce pays gagnerait à une réglementation différente, je pense qu’en France, il est aussi largement temps de revoir le sujet.